Mais où c'est passé ?

 Mais où c'est passé ?

Avec Solitude, Batronoban propose une approche radicale du jeu persistant. Elle est séduisante, mais l'expérience est singulière et doit pour émerger, solliciter une multitude de joueuses. Enfin, la Garde Forestière conserve une position de surplomb.

J'apprécie que les fictions se succèdent, s'imbriquent, se mêlent et se confondent à ma table. 

Parmi les paradigmes de Millevaux, j'instille divers cheminements qui parfois se contredisent. Je sacrifie volontiers la logique apparente sur l'autel d'une forme de vertige à contempler les similtudes et les différences. Cependant je m'attache à ce que chaque session forge sa cohérence sur les émotions éprouvées par les personnages et leurs obsessions.

Afin de renforcer ce rôle et qu'elles se traduisent autour de la table, je m'interroge depuis un certain temps sur les moyens de renouer avec le plaisir de l'inattendu et du familier, intimement mêlés, que j'éprouvais grâce au gris rêve de Rêve de Dragon.

La plupart des éléments du système de résolution de ce jeu sont justifiés par la cosmogonie de l'univers de jeu et deviennent des éléments qui créent en retour du jeu, aussi sûrement que les scenari de la plume de Denis Gerfaud.

Dans hystoire de fou, la crise gagne en relief, par les contraintes d'inventaire que subit la joueuse, et la fiction se noue autour d'une idée fixe que les joueuses doivent concrétiser.

L'expérience est frustrante et jouissive à la fois. Il y avait convergence entre mon personnage contraint de revenir au début de la boucle logique et moi en tant que joueuse contrainte de subir le "contrôle" à la recherche de l'illogique indice qui nous permettrait d'en finir. Jouer la partie pour qu'elle s'achève, but paradoxal.. 

Ou furieusement proche des pièces radicales de Samuel Beckett.. 

Pas de jeu persistant me direz-vous à juste titre. Toutefois, l'inventaire dérisoire et l'obscure idée qui nous échappe forment un cadre qui pourrait répondre à mon attente.

Parfois, nous sommes si absorbés, par l'instant, que le cheminent que nous avons suivi nous échappe.

Au prix d'un réel effort, nous pouvons écrire le souvenir qui nous fuit.

Lorsque nous arrivons à notre table de jeu nous tentons de nous forger un souvenir commun pour reprendre le fil de notre fiction, là ou le temps a sévi.

Nous sommes tentés d'en revisiter des portions pour nous ajuster à l'humeur de l'instant.

Proposition mécanique :

Un objet de l'inventaire du personnage est remplacé par un objet qui ne lui évoque aucun souvenir précis.

Comment est-il devenu sien ?

Où a-t-il pu bien fourrer ce scrontju canif si commode ?

Ne serait-ce pas avec son canif que Isidore pèle sa poire ?