Toi qui... _Quatre de Vrillette_ les mensonges du Coeuru
Toi qui...
Quatre de Vrillette
Les mensonges du Coeuru
Bekrel
Où Ohm, le liquidateur tente d'éliminer les cacogènes.
Où Nix entend vrombir L'Emmielleux.
Où Vijh, dans gloire, affronte Le Ruisselant.
Où Elle tente de raviver les braises d'un amour mort né.
Où Simon crache sa flamme sur le fils de l'atome.
Où Anton rejette l'emprise du Ruisselant.
Où Nix, Nitchevo-Niet, leur sauve la mise.
Localisation :
Ukraine, malenki minki, Bekrel, lisière du Malenki Minki.
durée de la fiction : deux heures dix-neuf minutes.
témoignage audio :
Toi qui... _Quatre de Vrillette_ les mensonges du Coeuru
effectif : trois joueuses
Alexane joue Anton,
Xavier joue Nix, Simon et brièvement le tracteur.
Je joue le Sublime Oscar-Trèfle, Natalia, Ohm, un cheval non mort, Elle, Vijh, l'Emmielleux.
Commentaires :
Nous avons donc joué avec Toi qui
Toi qui, comme un coup de couteau, dans mon cœur plaintif es entrée
de Simon Pettersson.
Cette session clos cet arc narratif de notre campagne. Je ne l'avais pas vraiment prémédité. Nous devions initialement jouer le lendemain de la précédente session, mais des contingences d'ordres matériel m'ont contraint à différer la partie.
Personnellement, je souhaitais explorer la souffrance de Trèfle-Oscar, blessé à la jambe par son ami Nix.
Entre-temps, du dimanche au jeudi, j'ai urbexé mon logis et ruiné notre salle de bains.
Samedi, la tension était retombée et j'étais beaucoup plus préoccupé par notre destination, Bekrel.
Xavier souhaitant se consacrer à sa partie de théâtre de l'esprit avec Alexane, nous avons à nouveau repoussé la date de notre partie commune.
Enfin, nous y sommes. Un peu estourbi pour ma part, après une injection vaccinale. Nous débutons la session après un bref rappel des mécanismes de Toi qui.
La première mise en scène est placée sous l'autorité de Xavier qui ne convie pas Elle, ce qui est tout à fait compréhensible au regard de la fiction, et j'en profite pour jouer Le Sublime.
Je suis heureux de cette opportunité qu'offre le jeu, de compléter par petites touches le tableau peint par les autres. Je considère que l'atmosphère déployée à la table en ressort grandie. Ici je ne suis pas Garde Forestière, et je goûte les relations, les tensions qui se tissent entre les autres joueuses. Je me suis surpris à en oublier Le Ruisselant (Diable dans la règle de Toi qui...)
La scène suivante est placée sous l'autorité d'Alexane qui convoque l'ensemble des protagonistes sinon Elle.
Je décide de jouer Oscar-Trèfle. Nous progressons péniblement, Le Ruisselant devient plus pressant, plus capricieux, plus exigeant. Le pauvre Oscar est moribond et ses amis l'abandonnent avant de venir le secourir.
J'ai beaucoup apprécié ce passage.
Le devoir, thématique principale de Mildiou, se manifeste de façon improbable ou paradoxale. J'utiliserai un peu plus tard une entrée de l'Almanach évoquant notre condition de clochards, mais de fait, ces deux scènes ont convié à mon souvenir En attendant Godot. Un désespoir pathétique et touchant irradie les personnages plus sûrement que les manifestations omniprésentes du réacteur numéro 4. Des bribes de phrases, comme qu'est qu'on peut faire ? Là j'sais pas quoi faire me renvoi au comique grinçant de la pièce de théâtre. Afin de renforcer ce sentiment, autour de la table, les mines, les sourires, les réactions contredisent l'agir des gamins. Les joueuses jouent le tragique.
Alexane et Xavier ont véritablement joué le jeu. Elles ont suivi le penchant de leurs personnages, même si Alexane a fini par se raviser et saisir le moindre artifice pour qu'Anton, prudemment, revienne sur ses pas, le long du muret de bois, afin de porter secours à Oscar.
J'ai cadré la scène suivante comme la plongée dans l'enfer de Bekrel. Par petites touches, les odeurs, la déréliction architecturale du village, puis j'ai proposé une première confrontation, brutale, folle avec un chasseur de chimères, Ohm, le liquidateur.
L'échelle de prédation impliquait de libérer Le Ruisselant.
Avant même que nous abordions ce moment, Nix se jetait, téméraire, inconscient sur le détenteur du calcinateur.
Xavier m'a surpris en se jetant sur moi et en me rouant de petites tapes dérisoires ponctuées de cri suraigus.
L'issue, attendue, a tout de même été un soulagement.
Malgré la simplicité et la transparence de la mécanique, le sentiment d'avoir triompher d'une adversité était manifeste dans le regard des joueuses. Aucune dimension tactique ne fut déployée, non, mais le soulagement était néanmoins présent.
Le retour d'Ohm fut aussi l'occasion de dire combien Bekrel était un lieu de désespoir et de folie. Ma description et le choix iconographique ont je pense placé Xavier dans une dimension de combat épique.
Toutefois, si nous avions pris le temps, et si j'avais soumis aux autres joueuses le retour d'Ohm dans le cadre de la carte des relations, nous aurions du définir la souffrance et pu envisager une session entière pour le guérir de son obsession et le rendre inoffensif. J'y avais pensé, avant la partie, mais à ce moment de précis de notre session, je pensais plus à Vijh et au Ruisselant. En ne respectant pas la règle, je nous ai malheureusement privé d'un haut potentiel ludique et d'une nouvelle source fictionnelle. Je le regrette.
Toi Qui... recèle des mécanismes propices au développement à la table d'un jeu collaboratif très fécond.
Puis, j'ai voulu camper dans cette même veine, avec une emphase horrifique, la seconde confrontation de Simon à l'Enflée. Autant, lors de la première rencontre, Xavier a choisi l'affrontement pour repousser la sorcière d'un vicieux crochet, autant lors de la seconde, Xavier, s'est refusé à libérer Le Ruisselant, et en fut désemparé. Je suis parvenu à dépeindre l'atmosphère désespérée que je souhaitais, mais manifestement au détriment de l'agentivité de Xavier. Il m'a par la suite affirmé qu'il n'en fut pas gêné, et plus tard, Nix a repris le dessus en crachant sa flamme.
La suite relève d'une cohérence interne à la fiction et d'un soupçon d'improvisation, (donner l'assaut de l'église maudite avec le tracteur "atomique" de l'oncle Vadim vanté plus tôt par un figurant m'a paru irrésistible sur le moment).
L'affrontement d'Anton / Vijh et de Elle / l'Enflée était pour moi depuis longtemps annoncé. Le cheminement d'Anton n'était que la troisième tentative de l'Enflée / Elle pour chevaucher l'homme, de puiser à ses forces vitales afin de faire triompher son "amour" mortifère et d'être unie au Fils de l'Atome, Vijh.
A cet égard, j'ai goûté le désarroi d'Alexane qui peinait à suivre le positionnement des factions en présence et qui cherchait à se ranger dans le "bon" camp.
Nix (rien) Nitchevo-Niet investi du pouvoir de la Sylve, par l'entremise de l'Emmieleux, arraché au souvenir d'un gamin innocent de Bekrel, pouvait alors triompher des deux autres factions, renonçant aux mensonges des Hommes, des artifices.
Lorsqu'Alexane a indiqué que son jeton, fruit de son seul acte de désobéissance au Ruisselant l'empêchait de délivrer Le Ruisselant et le jeter dans la bataille, j'ai bouclé mon vertige logique, jusqu'alors quelque peu bancal, en invoquant une beauté fragile.
J'ai là profondément réinterprété la règle pour les besoins de la cause.
Alexane envisageait que seul libérer le Ruisselant constituait une issue et Anton ne pouvait se permettre un refus.
J'ai alors considéré que la prière envers la puissance du Ruisselant, qu'il avait consenti constituait une amorce. Il reconnaissait là l'étendue de son pouvoir sur lui et Anton se livrait en tant que bras armé, par son pacte, au Ruisselant.
Son âme était souillée, sous l'emprise de celui-ci.
Mais la beauté fragile, parce qu'elle parvenait à l'émouvoir en se mourant lui restituait la part d'humanité qu'il avait cédé. Alors le Ruisselant n'avait plus d'autre choix que le reconquérir et de répondre à son appel.
C'est écorner la règle doublement, puisque la règle initiale prévoit plutôt que le surgissement de la beauté fragile ajourne le conflit en cours ou fasse taire le diable sans qu'il puisse en faire grief.
Toutefois, cet écart aura permis un moment d'une belle intensité et d'offrir une opportunité à la joueuse de ne se sentir totalement acculée, de poursuivre pour mieux "sombrer".
Ainsi, quand elle a du choisir pour Anton, en toute fin, entre arracher le coeur d'Elle du poignard d'os de sa main décharnée ou embrasser à pleine bouche la sorcière ce fut un véritable déchirement.
Guéri de l'emprise du Ruisselant par l'Emmielleux, le médicastre, Anton recouvre ses esprits sur les berges de la Prypiat auprès de Natalia et Nitchevo pour mieux perdre son humanité, son visage rongé par les ondes du n°4.
Je suis très heureux de cet issue à Mildiou, certes assez éloignée de la proposition initiale, mais qui demeure plutôt cohérente avec le cheminement qui fut le notre.
De même j'ai découvert par mes erreurs les très grandes qualités de Toi qui...
Assez naturellement,nous souhaitons poursuivre nos errances post-exotiques et lorsque nous avons évoqué sous quel mode nous jouerions, Umwald, Fièvres et Nacha Mechta sont venus spontanément au même rang que Toi qui...
Alexane a tranché pour Nacha Mechta sans qu'aucun ne l'ai lu, c'est avant tout pour sa parenté avec Les Sentes et la dimension GN très prisée.
Plus avant dans la soirée, Xavier et Alexane m'ont évoqué les personnages qu'ils souhaitaient incarner et chacun se référait à des mécaniques de Toi Qui...
Merci à Alexane et Xavier pour leur implication.
Merci donc à Simon et Simon pour ce beau jeu !
A. Ah mais je reconnais The Disintegration Loops en musique de fond :)
RépondreSupprimerB. Ces voix qui parlent dans la tête, ça fait beaucoup penser aux goupils
C. Le gros chat fait beaucoup penser au chat du Cheshire :)
D. C’est amusant, en écoutant comme en général vous citez peu et même jouez peu les mécaniques d’un jeu, je me suis dit : « ça va ressembler à n’importe quelle partie de Claude Féry », mais à la fin Alexane et Xavier reconnaissent que « Toi qui » a amené une ambiance très différente. Je suppose que les monologues de la bête / goupil y sont pour quelques chose.
Suite de mes commentaires après écoute :
RépondreSupprimerE. J’adore Xavier qui dit « grand dada » et son goupil qui dit « J’ai dit grand dadais, tu vas me faire passer pour un idiot »
F. J’aime bien quand tu refais une narration grave avec Xavier qui chante « T’es une menteuse » en fond
G. Xavier qui répète « boudi-bouda » en face du visage hideux du horla, on sent qu’il fait tout pour se soustraire à l’horreur
H. J’en reviens pas, tu essaies encore de leur imposer d’aller à Bekrel:)
G. Oui et non. C'est l'une des rares sessions où il était disposé à subir l'horreur, mais depuis quelques temps il soumet la fiction à l'interprétation souveraine de son personnage et pour lui cette réaction était vraiment légitime au regard du personnage.
SupprimerF. Très bonne de mention de Bekrel avec l’évocation des créatures reproductrices dans la cave
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