Ainsi fanent les couleurs

 Ainsi fanent les couleurs.





Subcolors de Radian un écrin sonore pour cette introspection, introduction à Coeur-Miroir.


La lumière estivale insolente gangrène tout du moment.

Frédéric Jacques, je l'entends, au revers du gris maladif de génération néant, me ment :

« Tous les instants sont importants !

À chaque instant soyez méchants !

Joues m'en un autre que j'dis ! »

Ses mots couperets s'émoussent, se mêlent et contredisent le présent.

Tout est insignifiant depuis toi.

À chaque revisitation je redoute son érosion.

J'étais avec toi. 

Alors, je voulus croire que tout dans mon regard noyé dans ton regard chantait Nous, Cœur-Miroir.

Alors, 

Je conjuguais,

Je conjugue,

Je conjuguerai

l'infinie douceur du ruissellement de perles de lumière et de temps avec la fulgurance de l'instant, celle-là qui foudroie les mots dans le chaud vivant de la gorge.

J'étais devenu aveugle et sourd.

Le monde et ses couleurs congédiés, hors de toi, si près de moi et déjà au-delà, dans les teintes sépias.

Cœur-Miroir déjà plongé dans ton absence.

Dans ton silence je suis sec et rance.

Je suis une brindille que convoite l'ardeur du soleil de fin de monde.

J'ai dans la bouche la tendresse des mots qui disent le doré du nous.

Mais aussitôt les angelots se noient dans la rancœur immonde.

La traîtrise de mon esprit retors me dérobe les certitudes de ce qui fut doux.

Un désert menace d'assécher le précieux précipité. Alors, pour qu'il pousse fort et dru, je laisse la pluie au-dedans de moi.

Dans l'innocence solennelle du moment de nos adieux, j'ai vu jaillir tous les éclats fugaces de beauté. Ta peau fraîche et fragile nimbée de couleurs à nulle autre pareille nous a porté loin de l'herbe en plein ciel.

Mais là terminus, néant.

Nitchevo ! Niet ! Que nenni !

Je ne veux plus me torturer avec ce doux souvenir, tant je redoute qu’il se corrompe.

J’entends en moi l’appel de la forêt, offre refuge, avant que tout rompe.

A l'ombre du saule, au bord de la Brèche, je contemple l'onde, lisièrement. 

Bientôt, sur la berge je voguerai vers le rivage qui à jamais m’estompe.

Je confie aux bons soins des mycorhizes les affres de mes tourments.

Les sœurs tisseuses de leurs soies m'ont offert un lit.

Bientôt je franchirai le seuil de la nuit.

Là-bas toutes les couleurs se noient.

Le mal me ronge déjà, je me noie.

Bientôt je nagerai vers toi,

Au cœur de l'oubli.


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