Pleurer les mots, re visitation


 Pleurer les mots

 re visitation


dispositif ludique nourri de lettres, 

de chiffres, de mots, et de forêt.



Je n'ai pas encore éprouvé le jeu à ma table, malheureusement.

En revanche, je me suis questionné sur la précédente mouture et voici le fruit de ma réflexion.


le nouveau pdf.


Le jeu s'articule autour de textes de chansons de Gumchewa ou de Sholari et tente de placer les mots au coeur du jeu, à partir d'un plateau de Scrabble.




Des mots

Des chiffres

Des dés

La sonnette est le dit du JE

Vestige du fugace

Une gangrène ronge l’esprit.

Trouble gangue d’égrégore et d’oubli.

Elle englue le plus ténu souvenir.

Elle s’immisce en nous.

Elle nous plonge au dehors, mous.

Elle dresse des ponts audacieux entre des temps fugaces que nous n’avions [pas]

 éprouvés.

Des fulgurances éparses giclent.

Le plus souvent, elle retombent inertes, déjà mortes, dans l’humus grouillant

 qui est notre sol.

Parfois, plus rarement, 

elles jaillissent vers les houppiers et percent la nue.

Elles dessinent la sente hésitante que nos [pas], encore timides, épousent.

Chacune est une harmonique.

Dans le sillage du tintement impérieux de la sonnette, elle ouvre une voie.

Elle dessine des ses lueurs une perspective.

Elle dispose, pour tout bagage, de quelques lettres dissociées.


Ce sont les dents cariées du réel.


Elle formule un mot, un espoir, une crainte, un désir.

Elle n’est pourtant pas seule à noircir l’horizon de ses signes.

D’autres voix, caressent ou trouent le monde d’esquisses de gestes.

Elle doit vaincre ses nombreux ennemis.

Son armée de signes forme les rangs, se

comptent1.

L’Oracle dit sa percée.

De la béance des mots morts au combat, des réels surgissent des renforts, qui grossissent sa voix singulière.

Dans sa souffrance, elle se réfugie dans le silence. 

Elle laisse une autre voix prendre son ascendant sur cette âme fractale, 

isolées.

Ensemble, elles donnent à vivre un Homme-Monde,

en devenir,

une masse de questions et de contradictions,

afin de dire ce qui reste de la ténacité du rêve.

Si l’âme est multiple, ses voix le sont aussi.

Elles sont tricéphales.


DJET est son corps, son incarnation, son ancre.

est son énergie, puisée à la lueur de la lumière noire.

REN est son nom sacré, sa vérité, son manifeste, son essence.


Jacques a dit VERTIGES


Tout énoncé est accepté.

Tous les instants sont importants   !

à chaque instant, soyez _ _ _ _ _ _ _s !

à chaque étape de la traversée, la contagion gangrène un peu plus le monde.

Les mots qui noircissent la carte de chacune des voix en sont les étendards.


Le premier mot soufflé sur le plateau comporte au moins autant de lettres que de joueuses autour de la table plus une.

Toute énonciation contradictoire mobilise l’ensemble des lettres du plateau.

Elles ancrent la voix dans sa vérité.

Elles sont le DJET de la voix.

Sur sa carte de visite, la voie encre alors le manifeste du vrai.

Celui-ci ne saurait être dit par quiconque sinon le Bâ d’une autre voix.

Elle s’incarne alors. Elle prend son son REN parmi les lettres de la carte.

Elle pioche alors autant de lettres qu’en comporte son REN en sus des sept que comporte son chevalet.

Lorsqu’un REN est scandé Jacques ou ses injonctions s’effacent.

Toutefois ses avatars s’incarnent sur un joker présent sur le plateau.

Ils sont alors autant de REN qui menacent les autres.

Lorsque deux REN ou plus coexistent, leurs courroux les enjoint à éliminer les dissonances.

Ils souhaitent pleinement s’incarner,

devenir

HAYAGRIVA

L’eau sale

L’humide vide ses forces aux radicelles, 

racines, 

stolons

et autres mycorhizes.

Forêt grandit.


Elle se coule partout.


Elle nous imprègne.


Bientôt, son inflorescence s’épanouira sur nos lèvres.

Les pousses adventives gauchissent déjà le dit de nos maux.


Alors que s’effondre la société humaine, émerge sa bestialité, fugitivement enfouie sous ses immondices et son emprise sur les terres.

Exubérante prosodie végétale

Les mots secs s’étalent sur la table,

oriflammes de la contagion,

l’empire des voix surgies d’un passé

remâché par l’oubli.

Un temps

Une menace

Une terre

Une lutte brève et vaine

Un renoncement

Une métamorphose

Un renoncement

Une libération

Iel tait futur et passé.

Chaque énonciation manifeste une phase de la contagion du monde par Millevaux.


Elle est placée au centre du plateau.


Elle dit l’intensité du moment, [nombre].

Chaque voix incarne un fragment d’humanité ainsi menacé, en lutte.

Une voix exprime sa perte et pleure ses mots dans la mare [plateau de jeu] quand l’Oracle lui est défavorable.

Elle inflige alors sa souffrance aux autres fragments.


Si elle parvient à sécher ses larmes au feu de ses gestes, 

elle encre son mot, symbole de son triomphe,

sur sa carte.







Tu sens et larmes la ville.

Entre tes mains, dans la tourbe, 

tes souvenirs glissent sans fin.

Des chiffres naissent les lettres.

Les mots fusent et s’étiolent au-delà du cercle des autoroutes

où les puits de sodium clament le mur,

infranchissable. 

Tu n’as pas de sol.

Tu habites un pays qui n’existe plus.

J’habite un pays qui n’est pas le mien.


Sitôt esquissés, tes moindres gestes s’effacent dans la béance de l’obscur.

Lisière trouble des temps agglutinés, le Contrôle est la voix singulière qui brille.

Ment,

tout est devenu mensonger.

Au-delà, de l’embrasure de la porte vermoulue, scintille une étrange lueur.

Elle congédie bientôt toute chaleur, s’insinue dans les moindres replis de peau,

camisole.


Le corps devient une masse froide et étrangère, 

baignée d’une gangue poisseuse de nuit étoilée.

Chaque astre est une bouche avide de regards.

Des mains chaudes de sueur palpent ce corps.

L’océan se répand dans toutes les perspectives, 

de toute éternité.

Le courant éloigne le hasard, 

congédie le cafard.


Passé ressurgi et Futur avorté vrillent

en un ballet nauséeux.

À la lisière, tout est obscur, 

seuls surgissent les sons.

Puis naissent les miasmes.

Les nues grouillent de temps discontinus.

La lumière du présent plonge vers le 

Sous-Monde.

Le haut et le bas s’invectivent.

La noyade est l’horizon 

et les pas des hommes sur le béton

mesurent

la contagion.

Tes pieds, enfin, se posent sur un sol lunaire.

Un voile recouvre tout.


Henshin

Métamorphose

On ne sait qu’oublier,

la lutte des peuples ignorés.

Moderne race…

Noirceurs et lueurs pèsent sur les inventions salutaires de cet avatar que Tu es, fus et sera.

Je suis Tu.

Tu es Moi.

Nous sommes Iel.

Mais nous n’avons ici,

rien sinon les mots qui reposent sous l’étoffe.

Aucune prise sinon la rugosité des nuages.



La métamorphose est une traversée.


Le péril réside dans la dilution.


Matériel de jeu :

D8 ;

jeu de Scrabble ;

tensiomètre ;

cartes de visite ;

sonnette maître-d’hôtel ;

playlist pleurer les mots.


Ceci est une rencontre improbable entre plusieurs jeux qui m’ont séduits mais que je n’envisage pas mettre en jeu à la lettre. Ceci est donc une variante très personnelle de Everyone is John, de Lacuna et de Mantra Oniropunk.

Amendements au jeu du S______e

Chacune des joueuses est une voix dans la tête d'une âme fractale sur laquelle chacune tente de prendre l'ascendant.

C’est une enquête métaphysique sur l’essence de cette âme ou de ses voix, une errance à la recherche des anges bizarres.

C’est l’exploration du monde fantasmé fruit de ce questionnement.

Chacune des voix dispose de sept lettres au départ.

La première qui envisage un sujet, un cadre, une obsession, une crainte, une révélation qui questionne l'âme fractale, pèse sur la sonnette maître d'hôtel et révèle le mot symbole qu’elle forme à l’aide des lettres présentes sur son chevalet.

Elle compte les points du mot et lance un D8, plus autant d’autres dés qu’il y a de mots sur le plateau de jeu.

Si le résultat du, ou des, dé(s) est supérieur à la somme des chiffres du mots, la voix prend l’ascendant sur l’âme fractale et place sa vérité sur le plateau.

Elle pioche sa marge en lettres.

Elle ajoute les points marqués à sa tension initiale qu’elle aura mesurée au moyen d’un tensiomètre en début de session.

Elle note ensuite à l’encre sur sa carte de visite le mot ainsi formé, puis dit sa vérité à la table.

Chaque mot symbole dit autant un élément de contagion de Millevaux qu’une vérité d’un temps révolu ou d’un futur désirable.

Pour ma table je puise dans le passé communiste des Balkans, un urbex rouge, que je mêle à l’actualité du moment et à l’ère Jomon du Japon, qui est pour moi le théâtre par défaut.

Si le dit de l’Oracle est défavorable à la voix, celle-ci  pleure autant de lettres de son chevalet ou du plateau de jeu que sa marge d’échec. Une autre voix dit avec elle, sa souffrance, sa perte.

Lorsque la tension actuelle ou plutôt le rythme cardiaque excède 170 battements par minute la voix amorce sa mue, sa métamorphose.


Commentaires

  1. Je ne comprenais pas grand chose aux règles jusqu'au résumé de fin, absolument salutaire. Mais j'attends toutefois l'actual play pour me faire une idée ! Je n'ai par exemple pas saisi ce qui se passe si quelqu'un écrit certains des mots mystiques comme REN.

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