Marchebranche, tentative première, La Gravelle Larmes de rouille

 Marchebranche

Tentative première






La Gravelle





Larmes de rouille



Cette après-midi, 

avec Alex et Xavier

nous avons joué à

Marchebranche



larmes de rouille


durée de la fiction  :


(enregistrée) 2 heures et 3 minutes,

(jouée 2h20), 

suivie d'un bilan et de la feuille de route pour la cinquième session.

effectif  :


Xavier joue Boule de glands puis Nut




Alex joue Cobalt



résumé de la fiction :



Quatre jours paisibles, sur la faigne, non loin de l'athanor investi par Mercure
Marguerite pourvoit aux besoins des marchebranches : pain de châtaigne, fruits à coques et soupe au choux.
Assez vite, la pluie providentielle a cessée.
Depuis, la chaleur écrase les hauteurs du Ciron.
Chacun assemble ses maigres possessions, assure sa besace ou revêt son feutre.



La vague sente est méconnaissable.
Les pierres coupantes blessent le pied ou le sabot du marchebranche.
Le brume n'est que doux souvenir vaporeux sous le soleil roi.
Tout est sec, poussiéreux.



La chanson du soldat trotte dans les têtes, résonne sur les pentes.

"Entre Denges et Denezy, 
Un soldat qui rentre chez lui... 
Quequ'jours de répit qu'il a, 
Marche depuis longtemps déjà. 
A marché, a beaucoup marché. 
S’impatiente d’arriver, 
Parce qu’il a beaucoup marché."

Boule de glands papillonne afin de s'y dérober.
En contrebas, le Bois Vorace est une manne d'ombres bienfaisantes, désirables pour le hardi voyageur.
Myosotis s'inquiète de la voie la plus appropriée afin qu'ils gagnent sans encombre l'aire de l'Oiseau Nuit.
Mercure est différent. 
Sa voix sonne plus grave, plus ronde.
La seule voie est celle qu'ils ont déjà parcourue. C'est sans appel et pourtant, Myosotis ne semble pas convaincu. Il évoque un nouvel oracle à consulter. Et quoique sa tête soit coiffée d'une couronne de marguerites tressées, sa voix n'est guère écoutée.
Cobalt suit la coulée entre les herbes sèches vers la combe.
Là de l'eau affleure entre les ajoncs. C'est doux à l'oreille le tapis de pépiements des bruants des roseaux.
Dans les herbes il trouve une belle amanite dont il se goinfre sans vergogne.



Un trou de sorcière attire son attention, mais plus encore une fragrance sucrée le guide.
Dans la terre parmi les gravats, les doigts de statues ou les têtes couronnées de liseron, deux petites succulentes suintent leur miel. 
Il a faim tout soudain, l'eau à la bouche. Plus il salive, plus le goût lui tiraille les papilles.
Mais alors qu'il s'apprête à faire bombance, Myosotis décrète que sont là les succulentes qui sont toutes deux leurs oracles qu'il entend bien consulter.




Les succulentes se rengorgent et négocient âprement leur dit pour ne pas finir dans la gueule de Cobalt.
Elles susurrent, ergotent ses bécotent et révèlent finalement que l'Oiseau Nuit gîte là où retentit le chant du pluvier doré, l'oiseau de mousse.




Sitôt l'oracle rendu, Mercure les place à l'abri du feutre de Boule de gland. éperdues de gratitude pour cet abri ombreux et providentiel, les deux bavardes lui couvrent le crane de bisous baveux. Cela démange atrocement le papill'homme, qui avec force de cris demande grâce. Taquin et plein de gourmandise, Cobalt incite les deux comparses à baiser derechef le petit poilu caché sous son couvre chef. Après avoir lu l'envie, la faim dévorante qui siège dans le regard de Cobalt, Mercure les enferme dans l'ombre de sa besace, serrées avec tout son attirail. Les voix étouffées la marche reprend, vers le bois.

L'affront est vite oublié et bientôt Myosotis et Cobalt cueillent le plus rapidement possible une cohorte de pieds violets qui ravissent leurs palais.





Les troncs sont recouverts de grasses mousses. 
L'humus grouille de cafards.
Ici la nuit règne en plein jour.
Les lichens couvrent, exubérants la moindre once d'écorce, la mousse épaisse se gorge et dégorge d'une myriade de petits coléoptères, fourmille de vers qui se repaisse des trésors du bois.






 
Le bois s'obscurcit un peu plus.
Des moucherons musardent alentour.
Des pollens volent dans la brise. Ils flottent dans l'obscur avec une grâce certaine. La bise souffle par les trous du feutre de Boule de glands. Elle attise les démangeaisons offertes par les deux commères.



De délicates fougèrent font la roue, tel des paon et les narguent de leur superbe.



Alors, Cobalt flaire un relent étranger.
Et soudain, retentit sur une souche voisine un toc toc qui rompt le charme.
Devant eux se tient un chat huant à l'arrière train tout pelé. Sa queue nue comme celle d'un rat fouette l'air d'un courroux manifeste. La pelade livre à la vue un écorcé, comme si le bois lui même poussait en lui.



 C'est Kat Baïoun, qui règne sur ce bois. Il exige un présent des impudents.
Myosotis lui offre spontanément sa couronne de fleurs défraichies, mais il la rejette dédaigneusement dans la litières de feuilles en décomposition. Et aussitôt surgissent une légion de cafards qui l'engloutissent. A nouveau il bat l'air de sa queue. Cobalt, sans fard, lui demande de cesser afin qu'entre marchebranches ils puissent se concerter afin de lui offrir le présent qui lui sied. Il obtempère, agacé.
Ils conviennent de se départir chacun d'une part de leur chevelure ou de leurs écailles afin de couvrir la pelade qui nuit à la majesté de Monseigneur.
Le papill'homme lui offre ce deux plus belles écailles, celles dorées en forme d'ocelle et Cobalt non sans maugréer lui offre une partie de sa toison derrière ses bois.
Ainsi paré, le chat huant est ravi  et leur indique volontiers où débusquer l'Oiseau Nuit. Heureux du prestige que lui confèrent ses yeux de papillons il dit en  sus à Boule de Glands de se préserver du sec, qu'il a bien senti la suée des arbres à son arrivée.

Ils repartent rassurés dans le bois obscur en quête d'une clairière où donne le soleil.




Cobalt flaire une odeur de charogne aussi forte que dans la tanière du chat huant.

L'air bourdonne de moucherons impudents qui font perdre l'équilibre au pauvre papill'homme. Cul par dessus pattes il dévale tout à trac une pente moussue.
Là au-dessus de lui trônent la tête piquetée d'une marguerite défraichie de son ami Myosotis, très inquiet de sa chute et une espèce de serpent-cerf gravé dans le tronc d'un vieux chêne.


Noyé sous les cadavres de mouches une écuelle de gruau et un pot de bière. Aussitôt,
Myosotis s'en empare et l'écluse goulument, avant que son ami Boule de Glands n'ai pu l'en dissuader. Mercure, mange avidement la purée et à leur remontrances quant à la fraîcheur du met, pointe l'avidité avec laquelle Cobalt et Myosotis se sont goinfrés de fonges douteuses.

Myosotis convient, mais trop tard que le breuvage est infecte et Mercure vomit bruyamment l'infâme brouet.

Myosotis s'adosse et s'endort contre la souche. 

Une bulle morve rythme son sommeil. Cobalt le secoue sans ménagement, mais le gamin demeure obstinément endormi. 

Préoccupé par les relents fétides qui sont sur leurs traces, Cobalt, balance l'ébéniste grassouillet sur son épaule.

Ils repartent, Mercure se trainant et se plaignant d'abondance de ses rouchements de panse. I

lls avancent péniblement. 

Le terrain est de plus en plus accidenté, et tout autours se dressent des ronciers.

Et l'odeur semble se déplacer, les suivre, voire les devancer.

Au détour d'un roncier, sur un amas rocheux il découvre un statuaire d'une famille. La sculpture est de belle facture mais la peinture toute écaillée laisse paraître par endroit le plâtras.



L'odeur de charogne les talonne. 

Cobalt s'inquiète vraiment vraiment et presse le pas. 

Il s'enfonce dans les ronciers pour s'éloigner de la coulée d'où semble provenir l'odeur. Il s'empierge dans l'amas de ronces et sa main secourable glisse sur une matière froide et presque lisse.

Le sein d'une infame statue qui tient dans son giron deux bestioles répugnantes.



Une main sort de terre et vient à lui, et la statue d'une femme martyre tend sa main et geint :

 "Donnez-nous le jour".



Myosotis dévale la pente et sa tête heurte une souche.

Là deux créatures siamoises avancent en crabe et geignent :

"nous voulons nos mamans"

Leur naseaux d'os frémissent et se fendillent sur des larmes de rouille.



Un géant de pierre froide saisit le papill'homme au vol et le somme de lui donner le jour.

Son visage est percé d'une couronne de clous rouillés qui irriguent ses larmes.



Boule de glands lui dit "lâchez moi que je puisse vous aider".

Son feutre a tressauté et l'oeil peint s'est ouvert. 

Il rigole.



Sa bouche s'ouvre toute grande sur une longue langue noire et noueuse qui arrache les clous.

Une faille dans les chairs tuméfiées s'ouvre sur une grotte blanche.

Sans faillir, Nut de sa langue happe Cobalt, à sa portée, et plonge dans la plaie.





Au-dedans, dans l'obscur dédale de blanc retentissent des cris inquiétants.

Tout est blême, suinte, goutte...

Alors derrière le dos de Boule de glands, qui s'est posé sur plage, surgit une créature blafarde au visage d'ailes de papillons qui feule bruyamment à leur endroit.




commentaires  :


La préparation a consisté pour moi à glaner des photographies évocatrices, lire quelques articles sur le chevreuil et les papillons de nuits.

Xavier a dessiné et a commencé une adaptation à la plateforme roblox.





Alex m'a adressé ce dessin qui synthétise assez bien le retournement de proie à chasseur joué dans une précédente session.



Son dessin de Cobalt n'est pas achevé, mais il a commencé à le colorier.

Lors de la session chacun a campé son personnage dans le droit fil de la feuille de route que nous avions définie ensemble.

J'ai utilisé le morceau Dragon and Toast de Kevin Mac Leod comme ancrage sonore aux tableaux qui lient les quêtes les unes avec les autres. Les fans d'OSR auront reconnu celui-ci qui est la signature sonore de Into The Odd.

Toujours dans le domaine de l'habillage sonore, j'ai intégré des aboiements de chevreuils et planté le décor avec le chant du bruant des roseaux. Cela peut sembler quelque peu anecdotique, toutefois cela contribue pour moi fortement à mon immersion, que surgisse ainsi dans notre espace sonore autour de la table des éléments du monde vivant.

Les péripéties sont issues de tirages sur les tables aléatoires.

Le final de la session, les statues qui réclament leur jour ou leur maman avait été tiré lors de la session précédente.

Alex et Xavier considèrent que les suppliques de ces statues, (que j'ai baptisé rejetons du Bois Vorace) constituent des quêtes à entreprendre. La feuille de route ainsi définie me permet d'intégrer le dernier tirage de péripétie auquel je me suis livré et qui régente, en l'espèce, le mode d'attribution des lames du tarot de l'oubli pour ces quêtes.

kat baïoun est un détail forestier _chat sauvage, lynx_

La tonalité globale de cette session est beaucoup plus sombre.

Si le prologue était clairement inscrit dans le registre du clair obscur, voire kawaï, la dernière phase s'inscrit dans l'horreur classique, et bascule dans le vertige logique pour le final.

Cela n'a pas dérangé Xavier qui est pourtant très sensible à cet aspect et j'en suis très heureux.

Je me suis attaché à dépeindre des actions de figurants ou l'attitude perçue des marchebranches à la mode manga, (perle de morve qui se forme lorsque Myosotis s'endort après avoir bu sa bière de l'oubli, gloutonnerie de Cobalt où le personnage échappe à la joueuse le temps de décrire la version gâââtô  du repas de champignons...)

La partie nous a convenu à tous les trois.

Et vous qu'en pensez-vous ?


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