Bièvre Afsnit 4 Hortense

 Bièvre




Afsnit 4
Hortense


Enfin la pluie cesse. à regret, les nuages s’éloignent.

Le soleil rayonne au travers des gouttes qui perlent au revers des feuilles.

La boue avale, avide, l’humus. Elle se couvre de rides innombrables.

Les chardonnerets élégants saluent les lueurs iridescentes qui enchantes les mares.

Elle pointe son museau hors de sa tanière. Elle hésite, bondit entre les primevères.

à la lisière de son domaine, au-delà des épaisses fougères, il s’éloigne.

.../...

Les verdiers chantent leur ode au soleil timide.

Entre les massifs d’ajoncs il caresse les feuilles duveteuses des nénuphars.

Leurs corolles s’ouvrent lentement. Elles offrent lascives leur nectar à la nuée.

Le chant se dissout dans le festin auréolé du duvet de leurs feuilles poilues. L’appétit vorace des oiseaux ne décourage pourtant pas les cohortes.

Bientôt, les premières fourrageuses parviennent sur la berge. De simples éclaireurs.

Elle attend.

La salive emplit déjà sa bouche.

Elle attend.

D’autres viendront.

Elle bave.

D’autres viendront.

Les brins d’herbe sèchent voluptueusement.

Lentement, une ligne discontinue s’étire de la boue vers les béton craquelé de la voie déchue.

Elle attend encore.

Les chanteurs sont désormais silencieux.

Ils festoient.

Alors elle remonte la trace. Elle humecte le bout de son doigt. Elle aime cette douce chatouille. En bouche, le plaisir se renouvelle. Puis elle goûte le craquement de la chitine sous ses dents lorsqu’elles sont trop nombreuses et trop hardies pour qu’elle en avale une sans que trois s’enfuient. Elle se délecte de cette saveur piquante qui reste un moment sur la langue. Elle arrache toujours une petite motte de terre glaiseuse à la fourmilière avant de quitter la berge. Elle la fourre dans sa poche et y plonge régulièrement la main, désireuse de ces petites morsures, des chatouilles que la terre lui prodigue.

Plus tard, elle suçotera les larves. Elles fondent sur la langue en un vrai délice.

Mais, maintenant elle quitte la voie déchue et s’enfonce dans l’enivrante mer de fougères. Elle y disparaît toute entière. Seul sa rouge capeline trahit sa présence. Elle glisse parmi elles. Elle leur parle tout doucement. à chacune et toute à la fois. Elle entend leurs voix tenues qui ondulent entre les troncs. Elles disent qui est venu là parmi elles, fouler leurs sœurs. Son pied est sûr. Elle se glisse parmi elles et leur dit ses mots tissés de sueur. Elle ramasse quelques menus ferrailles que la fange dans son sommeil a vomit. Elles rejoignent la terre et les larves, au fond de sa poche.

Elle s’allonge parmi ses sœurs. Elle attend longtemps. Un petit vent se lève qui achève de disperser les nuages. Le soleil resplendit dans la clairière moussue où elle gît. Elle est comme assoupie. Les moucherons bourdonnent autour des bourgeons des hêtres gorgés de sèves. Elle tire la langue et savoure cette acre senteur. Le vent souffle gentiment sur sa capuche et couvre son visage. Le coquin a dissipé le charme.

Elle quitte comme à regret le cénacle des ces vénérables. Il faudra revenir !

Un papillon aux vives couleurs se pose sur sa joue. Elle attend. Elle se tient là, debout, toute droite, le lourd panier d’osier, serré dans ses mains. Elle attend.

Lentement, les trompes du papillon s’emparent pollens. Elle attend. Elle goûte se moment.

Les ailes du papillon l’éloigne. Alors elle le suit, gaîment. Elle sautille, les yeux mi-clos, à sa suite.

Sous ses paupières elle devine les fleurs qui raviront la folâtre butineur. Elle hume les gaillardes printanières, et dans sa course fredonne, bourdonne à l’unisson de l’envol de papillons venu rejoindre l’éclaireur.

Dans sa course, ses pots de verre tintent au fond de son panier, mais de son gosier jaillit un rire de senteurs.

Comme toutes les petites cueilleuses de Coeur-Buisson, elle cueille des fleurs et des pleurotes grises pour la soupe, mais elle récolte bien d’autres choses en route.

1,2,3 Hortense s’en va au bois...



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