Exploirateurs de Bruines, épisode V, L’école des hyenches

 

Exploirateurs de Bruines, 


épisode V,



Promenade en lisière, de Gabrielle par courtoisie


L’école des hyenches





Cette après-midi, avec Alex , Mathieu et Xavier, nous avons joué à Exploirateurs des Bruines la suite de notre campagne.

Alex campe Zoya [bizarre] Mathieu est Samuel dit ’Muel [bizarre] et Xavier joue Sapristi [bizarre] .



Alex et Xavier



Mathieu


J’ai joué La binocle, les hyenches et un Grours.



Fiction :


Après cette singulière journée ensoleillée le temps s’est remis. Avec constance la pluie s’insinue dans les craquelures du bitume, imprègne les habits, stagne dans des flaques et verse dans les mares, les jardins et le piscines. Et si, malgré l’incessant crachin, les oiseaux pépient encore volontiers du haut des branches, la ville est désormais comme silencieuse. Les rires des gaminots qui jouent sur les terrains de tennis au bas de la gare se sont évanouis. Le Patrick Destombes, son katana et sa bande de fondus des gardiens des remparts ne rodent plus autour du prisu. Les rues demeurent vides. Seules les ronces festonnent les bancs de bois vermoulus de la place de la gare. La binocle confie a Samuel, que ce fameux jour, alors qu’ il était à sa fenêtre, il a vu une tripatouillée d’enfants suivre un clown qui tenait en laisse un nuage d’orage, dans sa grande main gantée de blanc. Depuis, trois jours maintenant, Michel et Erell ne sont pas reparus. La naïve gaminote s’est fourré dans la caboche qu’elle pourrait retrouver sa maman. Avec le Frédéric-Jacques , ses copains sont partis en expédition, en partie pour la contenter, mais surtout pour le ravitaillement. Et, depuis deux jours, La binocle, qui sort jamais d’sa chambre, même s’il a un vélo de courses dix vitesses, (qu’il loue pour cent billes), il se rationne. Mais le frigo est tout vide. Il ne lui reste plus qu’un fond de jus de poire. Il le partage et chipe des chips à ’Muel au passage. Il est inquiet c’est sûr, même s’il ne perd par le mord et qu’il commande à l’exploirateur solitaire une paire de chambres à air pour le VTT qu’il rafistole ou un cadre de trottinette, parce qu’il veut monter un moteur électrique dessus. Sur la rue de Compiègne, au château il se souvient que la famille en avait une, bon y a les spesctres qui hantent les lieux mais... Et puis pour les chambres à air, il y a le magasin de cycles, en allant sur la grand route. Mais faut faire gaffe aux hyenches qui rôdent par là. Promis, juré, craché s’il lui rapporte les chambres ou le cadre La binocle lui refile sa tente magique, un, deux, trois, tu claques dans les doigts et voilà ; pas la vieille tente à qui y manque des œillets et des sardines, en toile épaisse qui sent le moisi. Non la tente magique ! Alors, délesté de son dernier paquet de chips le ’Muel s’engage sur la rue aux dents (Odent), puis remonte vers le pont de la gare.

Les vitres des maisons sont toutes embuées.

Le lierre et le liseron envahissent les façades.

La mousse pousse sur le chambranle des portes et sur le bord des fenêtres. Et personne, pas un chat…

En remontant la rue qui mène au magasin de cycle, ’Muel aperçoit enfin un gaminot, sous un arrêt de bus, qui lit un papier et prend la pluie.

Sapristi s’est éveillé le premier.

Il s’était endormi épuisé dans le vieux canapé empoussiéré de la maison pareille pas pareille de Zoya. Des voix familières l’ont éveillé. Ce n’est pas encore le jour. Il fait froid et tout est humide. Dans sa main il tient un ticket, pour ce maudit cirque de la pluie. La formule tourne dans sa tête, franchit le bord de ses lèvres. La pluie justement lui tombe sur le coin de la figure. Un coup du sort, il est dans la rue à l’abri bus près d’un usine. Un gaminot s’approche d’un pas décidé regardant droit devant lui. Et à sa suite, se faufilant dans les broussailles qui débordent du jardin, un hyenche pointe son museau. Sapristi lâche une bulle odorante qui vient éclater sur le nez du gaminot. «  attention au hyenche ! »

Mais c’est surtout l’odeur qui capte l’attention de ’Muel.

Sapristi lâche une perle puante. La créature frotte désespérément son museau de ses pattes, éternue, glapît et s’ensauve. L’autre s’approche grondante. Ses babines retroussées libèrent une bave jaunâtre, épaisse comme du sirop d’érable qui vient poisser le trottoir aux pieds du môme. Soudain, son ventre se contracte, la douleur le traverse, il sent la perle se former, se coincer, tandis que l’autre gaminot se tortille tout comme lui. La boule nauséabonde éloigne la créature mais deux autres pointes leur museau au carrefour suivant. Le besoin est trop pressant. Samuel se rue dans la maisonnée voisine. ’Muel éprouve le même besoin pressant. À eux deux ils enfoncent la porte et se rue dans le vestibule suintant d’humidité. Au fond du couloir Samuel pousse la porte des toilettes, mais vertige, c’est plus grand au dedans qu’au dehors. L’innocente pote débouche sur les toilettes collectives, dix cabines alignées comme les vestiaires de la piscine découverte que va régulièrement visiter ’Muel. Chacun son w-c. Ce sont des w-c d’école primaire, un peu bas pour Sapristi.

La crotte au fond du trou Sapristi s’exclame soulagé « ça y’est ! ». Sur le dévidoir un vieux carton finit de moisir.

Zoya bande son lance pierre alignant le rat qu’elle filoche discrètement depuis un moment quand tout à coup elle entend Sapristi beugler ; «« ça y’est ! ». Le rat en profite et se faufile le long de la canalisation dans le cabinet voisin. Elle se hisse et zieute pour le repérer qui s’éloigne le long des tuyaux qui alimentent les w-c.

Elle se laisse retomber et court jusqu’au cabinet de Samuel. Elle arrache les gonds, mais trop tard sa cible s’est carapatée. Le gaminot s’insurge, lui dit un truc qu’elle comprend pas vraiment et elle lui grogne en retour, mais derrière elle, sur le seuil, grogne une bête, bientôt rejointe par deux congénères. Elle lui balance une bille en pleine gueule puis referme la porte. Sapristi brise le manche du balais et le cale contre la poignée. Cela tiendra, mais pas longtemps. Les hyenches se jettent sur la porte, la griffent. Le balais ploie. Zoya grimpe sur le lavabo, casse l’articulation du vasistas et bascule au dehors. Péniblement Sapristi l’imite maladroitement et tombe sur elle. Samuel à sa suite, juché sur le seau renversé grimpe et tombe en bas du mur de tout son long. Péniblement ils se relèvent. Sapristi va vers l’école et ouvre à la volée la porte à la volée. Zoya va à la grille et ouvre le portail. Les autres la rejoignent et Samuel le referme sur le souffle d’un hyenche.

Sapristi dévale la rue en direction de la maison pareille pas pareille de Zoya. Celle-ci suit Samuel qui la remonte. Au haut de la rue, alors qu’il passe les feux de signalisation, au vert pour les véhicules, trois nouveaux hyenches surgissent du garage automobile envahi par la végétation qui lui fait face. Le gamin balance sa boîte de mou de veau aux bêtes. Leur attention détournée, il court vers la boutique, dévale les escaliers et ouvre la porte à la volée, Zoya sur ses talons. Elle renverse un présentoir dans un grand fracas pour en interdire l’accès aux hyenches. Samuel récupère deux roues neuves de VTT puis court vers le bureau. Il demande à la fille si elle sait faire du vélo. Mais non, lui non plus, seulement avec des roulettes. Chacun prend un modèle à roulette et ils débouchent sur la chaussée Brunehaut, qu’ils dévalent en pédalant de toutes leurs forces. Au carrefour, sur leur droite, au haut de la rue deux hyenches se dirigent vers eux. En face, la rue monte. À gauche, la route descende en pente raide pour se perdre dans la forêt. Samuel se tourne vers elle : « par où ? »

- « par la forêt », lui répond elle hors d’haleine découvrant ses crocs. Il puise en elle et en lui même. Il sent alors qu’une présence bienveillante les attend à la lisière.

Tous deux tournent à gauche et pédalent avec ardeur les hyenches à leur trousses. Émerge alors de la brume une silhouette massive, qui tombe à quatre pattes et s’en vient vers eux en grognant. Un ours énorme les dépasse et se rue vers les hyenches.



Voici le témoignage audio :


L’école des hyenches. Durée 1h58


Commentaires :


Mathieu, de passage au logis, a campé le temps de cette session Samuel. Son personnage a été défini en partie par les tables aléatoires proposées dans Exploirateurs de Bruines. Toutefois il a défini une dégoutanceté sympathique : une copie imparfaite d’une dégoutanceté observée. Il a copié délibérément celle de Saprisiti, qui hésitait provocant une constipation suivie d’une chiasse carabinée pour les deux. J’ai conclu la session sur la découverte de celle de Zoya et l’échappatoire, (mais en est-ce vraiment une ?) du Grours.

Ce fut une partie amusante, l’Aversité, quoique peu variée, était toujours présente, une fois l’atmosphère installée. La ville est apparue sous un jour inquiétant, se confondant avec les avancées de la forêt.

Les noms de rue, la topographie étaient familières à Mathieu (une ville où il a séjourné enfant) et contribuaient à une tonalité surréaliste. Le basculement répété d’une réalité à une autre, du salon à l’abri bus, puis du cabinet de toilette de la meulière aux cabinets de l’école Notre Dame de Bon-Secours consacrent la dimension fantastique du récit.


Il tarde à Alex que nous puissions jouer tous ensemble.



Zoya Zoya

Tchonk Léontine 

croqués par Alex


Tchonk par Xavier




Une vive et amusante session pour laquelle je remercie vivement encore Alex, Mathieu et Xavier.

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