Les mûres amères du bois aux soupirs (Marchebranche)



Marchebranche





Les mûres amères du bois aux soupirs




Hier après-midi, avec Alex, Valentin et Xavier, nous avons joué à Marchebranche.

Le jeu de Thomas Munier n’était pas tout à fait une découverte pour Alex et Xavier.

Ensemble, nous avions joué une campagne relatée sur ce blog. Toutefois, le plaisir de la découverte était une émotion partagée par toute la tablée.

Avant le début de la session, j’ai lu ce Marchebranche, livré dans de si beaux atours. J’écris bien lu et non relu. Le livre, édité dans la collection Jydérie des éditions dystopia, offre un univers foisonnant et subtil, par touches délicates, et accompagne la joueuse et Confidence. Jamais il ne les abandonne en chemin. Les pages se succèdent et les souvenirs qui ne sont pas les nôtres le deviennent. Les mécaniques élégantes et simples dictent le rythme des aventures initiatiques promises. Les forêts, l’égrégore, l’emprise, la ruine et les horlas paraissent et disparaissent au fil d’anecdotes et le solide grimoire refermé, seule l’envie de les éprouver subsiste. Les modalités de jeu sont nombreuses, et des variantes nous permettent de butiner et de ne retenir que ce qui nous séduit le plus.


Nous avons créé nos personnages en nous amusant.

J’étais Confidence et j’ai donc préparé les trois quêtes pendant que les joueuses goûtaient.





Nous avons joué la première phase.

Limbe le horsain, Machefeuille, le furet et Enver l’homme-corbeau ont rencontré leurs donneurs de quêtes.



Limbe est joué par Xavier.

espèce : horsain.

aspect : un pédoncule turgescent pendouille au-dessus de son front. Ses joues sont caves et s’évasent en ouïes. Sa bouche très large s’ouvre sur des dents effilées. Il dégage une forte odeur de vase. Le pommeau de son bâton affect la forme d’une ancre.

vocation : magie, (tatouages magiques)

qualité : force.


Machefeuille est joué par Valentin.

espèce : furet.

vocation : magie, (divination)

qualité : esprit.


Enver est joué par Alex.

espèce : homme-animal : corbeau.

aspect : un toupet de cheveux et de plumes noirs et blancs. Il est vêtu d’une large camisole noire et porte des braies bien trop larges pour ses pattes.

vocation : spectacle, (jeux)

qualité : esprit.


Résumé de la fiction :


Après une journée chaude et ensoleillée à l’abri de la dense forêt de chêne où serpente la Vieille Route, les trois marchebranches, fourbus parviennent enfin à l’embranchement signalé par le tenancier de la maison des voyageurs Grispoil. À main gauche, la sente sinue à flanc de montagne vers le bois aux soupirs. À main droite, le chemin s’enfonce dans la vallée de Verbois. La route monte vers les quatre-chemins sur la ligne de crête.

Limbe parle, ou plutôt répond à son caillou, qu’il tient en laisse. Celui-ci, curieusement, énumère des nombres à la façon d’une comptine pour enfant. De fait le douze n’est pas prononcé par Caillou mais d’une voix juvénile, fluette qui appartient à une petite fille au visage ceint de tresses bien sages. La vue du visage singulier du horsain n’effraie pas la petite qui s’enhardit et lui demande confirmation de son état. Assez vite, tout en cueillant goulûment les mûres qu’un goupil a récemment marqué selon le flair de Machefeuille, elle lui demande s’il pourrait lui faire pousser des ailes, des ailes pour qu’elle devienne une papil’femme.

Le furet a flairé un autre relent que la marque du goupil, et un vieux Grours descend d’un vieux chêne. Sans trop de cérémonie, après s’être assuré de leur qualité, Asphodèle, le vétéran leur demande de reprendre pour lui la couronne d’Amilcar dans le bois aux soupirs. En récompense, il extirpe de son aumônière pendue à son baudrier une lame du tarot qu’il remise prestement. Les marchebranches s’interrogent sur ce Grours à la fourrure miteuse et l’hygiène douteuse. Enver juge la récompense faible au regard de la tâche Le soudard s’offusque de leur manque d’étiquette et d’empressement à entreprendre la quête qu’il leur confie. Tout soudain il fait volte face et s’enfonce dans le bois en grognant qu’il doit être maudit. Enver peu intéressé s’attache à savoir si la jeune fille à de quoi les rétribuer. Elle affirme aussitôt détenir une lame du tarot de l’oubli sur laquelle est représenté un soleil, qu’elle tient chez elle, serrée dans son coffre qui est dans sa maison, à un jour de marche aux quatre-chemins. Machefeuille l’observe attentivement, dubitatif. Elle le contemple en retour avec de gros yeux ronds. Machefeuille est certain de pouvoir déceler la moindre trace de duplicité au coin de l’œil de l’un de ses congénères, mais le visage enfantin est pour lui une énigme.

Le regarde de Limbe se porte sur Caillou. Et Caillou lui montre une forêt de bouleaux. La forêt est dense. La nuit est grasse. Un grand cerf blanc apparaît nimbé de lune. Alors les fougères bruissent. Fougère lui demande de lui apporter le cœur blanc du douze cors. Elle le récompensera d’une lame de tarot qui jaillit entre les frondes et retombe sur l’humus derrière la petite fille. Elle lui murmure de sa voix de feuilles bien des choses à son fiston. L’oreille fine de Machefeuille l’a bien entendue et le répète à son compagnon. Comme pour affirmer les dires de Fougère. Limbe remâche le souvenir de l’odeur de la tanière chaude et humide qui l’a vu grandir. Cette odeur est bien celle qu’exhale Fougère, distincte de la sève qui gorge à la belle saison les fougères. Mais le fiston regimbe à l’idée de ravir le cœur du cerf. Alors revient le noble et irascible soldat irrité d’avoir été ainsi dédaigné par de vulgaires pèlerins. Il bouscule Machefeuille qui n’ose pas lui répondre. En revanche Limbe le provoque et ose le qualifier de couard. Le Grours bondit sur lui tout de rage, mais Machefeuille les soulage tous en affirmant qu’ils honoreront cette quête. Cochon qui s’en dédit lui demande-t-il droit dans les yeux. Le regard légèrement écarquillé par la peur du furet vaut réponse. Le vieux briscard repart manifestement soulagé. Alors, Enver souhaite qu’ils aillent chez la petite. Mais il est trop tard pour rallier sa maison. Et pour lui donner raison, une pluie diluvienne et glacée s’abat sur le petit coin de forêt. Machefeuille se réchauffe en puisant dans l’égrégore qui sourd des troncs. La pluie s’abat toujours avec force mais des volute de vapeur les nimbes. La voie de Fougère s’insinue et lui demande de ravir le cœur du grand cerf blanc pour elle. Elle lui demande de lui livrer sa réponse après la nuit. Ils bivouaquent et tous font le même rêve. Le bois n’est plus de chênes séculaires mais de cohortes de bouleaux qui brillent sous la lune au passage du grand cerf blanc. Elle leur demande le cœur de ce cerf et, en récompense, à chacun offrira une lame. C’est un despote qui rogne la forêt. Ils acceptent.


En voici le témoignage audio :

Les mûres amères du bois aux soupirs

générique : la chanson de Thomas, durée 2’30’’, puis la présentation du lieu, la Vieille Route, par Confidence, durée 6’30 et la fiction pour une durée totale de 1h18m.





Commentaires :

Alex, Valentin et Xavier ont apprécié ce début de campagne. 

Si le rythme peut sembler lent ou inapproprié à certains, il nous a permis d’investir les personnages. Le jeu ne s’est pas limité au ton ou à la teneur des dialogues, une certaine corporalité s’est dégagée à la table. L’aspect des personnages a été défini lors de la phase de création et il s’est joué en creux par la suite. Je suis peu intervenu sur les règles pendant la fiction et j'ai pris plaisir à un échange en tant que "narrateur" avec Limbe, un peu sur le ton de l'Oiseau dans Le roi et l'oiseau.

J’ai le sentiment d’avoir moins habité un lieu que dans d’autres parties, pour mieux investir les figurants. 

Nous avons tous hâte de jouer la suite.





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